Aïe….mes devoirs !

J’observe, en consultation, des difficultés importantes autour de la réalisation des devoirs scolaires.

D’un côté, les parents s’épuisent à force de répéter des injonctions telles que « fais tes devoirs » ; « va faire tes devoirs » ; « on va faire les devoirs ». De l’autre, les enfants ne se sentent plus concernés par ce qu’on leur demande, manifestant une sorte de désintérêt…  Un temps qui se voulait être un temps d’apprentissage devient souvent un temps de conflit où des émotions négatives prennent place : agacement, énervement et parfois colère et conflit.

D’ailleurs, dans cette phrase que j’entends régulièrement, le fameux : « on va faire les devoirs » c’est qui « on » ?

Ce moment qui pourrait donc être un moment de partage, d’échanges, se retrouve à être un moment de stress, de disputes et de tensions entre le parent aidant et l’enfant. Au final, ce moment devient anxiogène, redouté par le parent et redouté par l’enfant qui du coup peut avoir tendance à rejeter les apprentissages.

QUE FAIRE ?

1/ Et si on remettait l’enfant dans son périmètre ?

Lui redonner la main sur ce qui est de son domaine me semble être prioritaire, une façon de le remettre à une place où il est actif : « ce sont tes devoirs et donc tes apprentissages » pas ceux de l’adulte. C’est l’enfant qui a assisté aux cours, c’est à lui que l’on s’est adressé (l’enseignant) pour qu’il se mette au travail. Le parent aidant est là si l’enfant rencontre des difficultés qu’il n’arrive pas à résoudre seul. Le parent aidant est également là pour vérifier que l’enfant réalise ce qui est demandé : l’autonomisation de l’enfant commence par là.

2 / Et si on le laissait développer ses capacités attentionnelles ?  

C’est en restant concentré sur des exercices que l’on développe ses capacités attentionnelles.  Peu à peu, ces capacités doivent augmenter pour progresser dans les apprentissages. L’enfant va développer d’autant plus de capacités attentionnelles qu’il va chercher, le plus souvent possible, des solutions par lui-même. Il développe ses structures cérébrales (cf : Jean Piaget le conflit cognitif) en cherchant et trouvant la solution par lui même. De plus, un enfant qui arrive seul fait plus vite l’expérience d’une bonne confiance en lui et d’une estime de lui-même satisfaisante.

 A chaque fois que l’on donne la solution a un enfant on le prive d’une recherche qui aurait pu lui apporter de l’estime de lui-même et de la confiance…

3/ Et si l’on restait sur ce qui est demandé par l’enseignant ?

Selon moi, il n’est pas nécessaire de demander de faire plus de « devoirs » que ceux qui sont demandés par le professeur. En effet, quand on outrepasse ce qui est demandé c’est l’adulte aidant qui, cette fois, sort du cadre. L’enfant reste au plus proche de ce qu’il a appris, de ce qu’on lui a demandé et il n’est pas souhaitable d’aller au-delà car nous n’avons pas forcément la même pédagogie que l’enseignant. Il n’est pas forcément nécessaire non plus d’imposer aux enfants de « s’avancer » : Faire ce qu’il y a à faire en respectant le rythme quotidien des apprentissages à acquérir c’est aussi respecter le cadre qui a été donné par l’enseignant. Cela permet aussi de ne pas y passer trop de temps à chaque fois. De cette manière chacun reste dans son cadre.

Attention aux jugements de valeur, il arrive qu’excédé par le comportement de l’enfant l’adulte déborde et exprime des remarques dévalorisantes : « t’es nul ou quoi ? » « T’en fais exprès ? » « moi à ton âge »….  Ces petites phrases vont venir impacter la confiance et l’estime de soi de l’enfant et sont à proscrire. Quand on se sent débordé il vaut mieux passer la main à un autre adulte.

4 / Et si l’on jouait avec l’enfant ?

 Jouer avec l’enfant me paraît être un temps d’échange et de partage qui va laisser une empreinte émotionnelle plus positive que ce temps passé aux devoirs. Le manque de motivation que l’on constate chez certains enfants peut être contourné en le stimulant par le temps de jeu gagné sur le temps de devoirs : Plus vite il les termine plus vite le jeu peut prendre place.

Le fait de réaliser les devoirs est pour moi  un des premiers engagements de l’enfant vis-à-vis des adultes. Une occasion de développer ses capacité attentionnelles, de fixer les apprentissages en mémoire. Si l’enfant connaît des difficultés cognitives il est important de le savoir (des tests peuvent être réalisés : orthophoniste, neuropsychologue, psychologue, psychomotricien(ne),  ergothérapeute…). Il est évident que les devoirs nécessitent d’être aménagés en fonction des difficultés avérées de l’enfant. Si l’enfant n’a pas de difficultés cognitives avérées, laissons-le s’emparer de ses devoirs le plus possible : ses apprentissages, en lui faisant confiance.